Au détour d’une page : il est là, il bée !

Je m’étais habituée à une certaine routine : retour d’école de l’enfante avec ses fichiers d’exercices à signer.

Mais vendredi : lui, celui que l’on ne devrait pas s’attendre à voir, celui qui m’a fait imploser de joie : le trou gommé !

Ouiiiiiiiiiiiii, l’acharnement de la gommure sur la trace de crayon, sur l’erreur multiple... Ce n’est pas l’erreur qui m’a émue, c’est la bataille intérieure de la petite fille qui aimerait que ça soit bien, que le défaut ne soit plus là, que la page reblanchisse à nouveau, la lutte avec le papier, la matière qui s’amenuise et se dérobe enfin en rendant les armes dans un ultime pied de nez à l’élève appliquée.

Le très bon élève ne fait pas de trous, le cancre non plus, au pire des taches, celui qui qui veut bien faire, oui c’est celui là qui fait des trous. Le mieux est l’ennemi du bien. Je me revois moi, car oui, là,_elle est bien ma fille_ désemparée devant cette matière qui me nargue, pourkoi-kça-a-fait-ça ? Et chaque cahier neuf portait l’espoir de finir un jour rempli sans bavure, sans dépassement de ligne, sans trou... peine perdue, mes cahiers triplait toujours de volume sous les mauvais traitements alors que celui de Nadine, Lydia, David et Abès finissait aussi plat que commencé, serein, plein de belles écritures proprettes....

Alors en voyant le trou 2014, j’ai ri, et ma fille s’est vexée, mais comme je lui disais que j’étais exactement comme elle à son age, elle m’a dit : "Tu veux que je te montre comment je fais les trous ???? Je peux en faire plein et la maitresse a dit que c’était pas grave !"

Ouuuuuuuufffffffffffff c’est presque fini, encore 1 ou 2 galettes, 1 ou 2 fèves qui tomberont vraiment au zazard, du vrai zazard des parts, ensuite on arrivera aux crêpes mais c’est pas tout de suite, j’ai bien quelques trucs à gérer avec mické mousse en ce moment, mais on voit la sortie...

Il est passé ?

Le type en rouge, avec sa trogne rubiconde ?

Chez nous il ne passe pas, il n’est jamais passé, pas plus hier que demain !

Notre filliotte a été blindée de présents, super gatée par sa mère son père, ses cousins, ses tantes, son papi sa mamie et elle le sait !

Je veux dire non seulement elle nous est éternellement redevable d’être gatée, mais elle sait que le père Noël, déjà c’est avant tout SA mère Noëlle, son père Noël, ses tantes Noëlle, ses cousins Noëls, son papi Noël, sa mamie Noëlle !

Oui, c’est bien que l’enfant nous rende hommage comme au bonhomme rouge, c’est agréable, mais aussi c’est plus simple à dépatouiller au moment de LA découverte de la fausse barbe.

Cette année de l’entrée au CP, voit beaucoup de scène amusante à l’approche de Noël, de gros yeux de parents qui roulent de connivence vers les ainés : maintenir le petit dernier dans la légende, de sourire entendus vers les autres parents : "Alors, il a été sage ?" ; "Même si on est au chauffage collectif, il passe quand on a les yeux fermés" La tentative rationnelle "On va lui laisser la clef sous le paillasson". Celle qui le rend plus qu’humain "on lui mettra un verre de remontant et des gateaux" à chaque maison c’est comme ça, c’est pour ça qu’il est gros, il se force à force. Sans oublier le terrible : "Il voit tout et sait tout"

Je n’y suis jamais arrivée, tout ça me fout les chpettes, je veux pas jouer !

A la MJC, le prof d’Art du Cirque laisse sa troupe sortir à grand bruit et recommande de rester sage jusqu’à Noël sinon, l’AUTRE ne passera pas. Evidement une petite fille ( la mienne ) déclare : "Même pas vrai, il existe pas, c’est les parents"

Je fus crucifiée immédiatements de tous les Tomahawk des papas et mamans environnents... même pas mal !

Ma fille est sereine car elle peut ne pas être sage, elle aura tous ses cadeaux !

Elle sait que le père Noël est une jolie histoire qu’on raconte aux enfants_on va pas lui parler de Coca Cola tout de suite, j’ai quand même encore tous mes Tomahawks dans le dos_ mais que simplement les cadeaux c’est nous qui les achetons parce qu’on l’aime_ et qu’ils seront tous là même si elle est pas sage, parce que le 25 on fait une trève, on allume le callumet à défaut du feu de cheminée qu’on a pas !

Moi j’ai eu peur je l’avoue, je n’avais pas envie qu’un jour ma fille me reproche de lui avoir menti (certes notre composition familiale due à l’adoption exige de la transparence) et d’après mes souvenirs de magie de Noël point : la traditionnelle photo avec le père Noël de grands magasins m’horipilait, je voyais que tout était faux, la barbe, le costume trop propre, les vrais zabits en dessous, le ton faussement enjoué de ma mère, le faux-vieux emprunté face à cette gamine méfiante.

La magie de Noël me culpabiliserez-vous... mince alors, moi pour émerveiller l’enfant, j’ai pas trop ramé jusqu’à aujourd’hui_ là, avec la préadolecence, ça devient plus raide_ nous nous sommes esbaudit ensemble sur le poussage de la jacinthe, le tourbillon dans le siphon de la baignoire, l’électricité statique de ses cheveux sur la gamme de meuble enfant MAMMUT du suédois, des crottes d’oeils du chat, de l’air emprisonné dans le niveau à bulle, mais du type chelou qui débarque quand tu dors... jamais !

Voilà c’est ainsi que l’enfant athée de tout s’est réjouit de faire la fête à Noël, d’ouvrir tous ses cadeaux, de s’enfourner des chocolats ... de porter un bonnet de père Noël comme tous les convives sur une saugrenue idée de cousine !

Et par une alchimie mystérieuse, elle a voulu garder ledit ridicule bonnet pour dormir pendant une semaine...

Pour bien commencer l'année !

http://vimeo.com/63803208

hier soir en avant tournée, je me suis rappellée que je n'avais pas dérouillé ma carcasse depuis......l'arrivée de l'enfante !